Cette présentation a porté sur le projet PROMIG « Appui à l’engagement de la société civil pour la promotion et la protection des droits des migrants au Niger » mis en œuvre par l’ONG JMED sous financement de Forum Réfugiés. Le projet couvre les régions de Niamey ; Tahoua, Agadez et Zinder sur la période allant de juin 2022 à décembre 2023.
Pour ce qui est des acteurs : Forum réfugiés est un opérateur de l’asile en France, qui s’engage par son action internationale dans la défense des droits des personnes vulnérables dans certains pays d’origine ou de transit du public qu’elle accueille. Sa logique d’intervention privilégie le partenariat avec des organisations de la société civile mobilisées en faveur de la promotion, protection et défense des droits de l’Homme.
Quant à JMED, créée en 2013, Jeunesse-Enfance-Migration-Développement (JMED) a pour mandat de contribuer à une meilleure gouvernance migratoire, respectueuse des droits des personnes. L’organisation est mobilisée depuis plusieurs années sur différents projets relatif à la migration.
Les objectifs du projet PROMIG sont les suivants :
Objectif global :
• Soutenir l’engagement de la société civile dans la promotion et la défense des droits des migrants, des personnes déplacées internes et des réfugiés/demandeurs d’asile au Niger
Objectifs spécifiques :
• OS1. la dynamique de structuration des organisations de la société civile autour de la défense des droits
des migrants est consolidée ;
• OS2. les capacités d’action des organisations de la société civile en faveur de l’accès aux droits des migrants sont renforcées ;
• OS3. les organisations de la société civile se mobilisent autour de la promotion d’une politique migratoire respectueuse des droits de l’Homme.
Le projet PROMIG propose une logique d’intervention articulée autour de trois résultats attendus qui sont :
• Un réseau d'OSC nigériennes se structure autour des problématiques de protection des droits des migrants avec des capacités d’actions accrues;
• Les personnes en besoin de protection parmi les migrants vulnérables sont mieux identifiées, informées
et sont en mesure d’accéder à leurs droits.
• Les autorités nigériennes mettent en œuvre avec la participation de la société civile des cadres politiques, juridiques et réglementaires davantage protecteurs pour les migrants.
Résultats du rapport de monitoring de juin 2021 à juin 2022 du projet PROMIG :
Méthodologie :
Le rapport de monitoring est le fruit d’une analyse des enquêtes menées par les équipes de JMED et de Forum réfugiés auprès de 355 migrants et migrantes de passage au Niger sur leur route migratoire entre juin 2021 et juin 2022. Il a été finalisé en septembre 2022. Six enquêteurs ont été mobilisés sur 3 villes principales : Niamey, Agadez, Tahoua. Un quatrième enquêteur a été recruté en juin 2022 pour travailler à Zinder, mais à la date du 30 juin seul 7 enquêtes dans cette ville avaient été menés. Ces villes ont été sélectionnées en raison de leur importance comme étapes sur les routes migratoires pour les migrants provenant d’Afrique de l’Ouest et centrale.
Le profil des migrants :
• La nationalité la plus présente est celle des Nigérians, ce qui s’explique à la fois par une migration importante en provenance du Nigéria et par le fait que le pays est frontalier au Niger ;
• Les Camerounais sont la deuxième nationalité la plus représentée, les enquêteurs confirment une
présence importante de Camerounais migrants qui expriment massivement leur désir de se rendre en
Afrique du Nord ou en Europe, le Niger étant une terre de passage pour eux sur leur route migratoire ;
• On retrouve beaucoup de Nigériens à Agadez, ce qui en fait la troisième nationalité la plus représentée
dans l’enquête. Ces Nigériens se trouvent principalement à Agadez et proviennent principalement des
villes plus au sud, ce sont donc des migrants de passage avant de continuer leur route ou alors des
Nigériens refoulés ;
• Les Libériens sont la quatrième nationalité la plus représentée, on les retrouve quasiment tous à
Niamey. Cette présence peut s’expliquer par le fait que plus de la moitié de ces Libériens (26 sur 40)
sont des refoulés (d’Algérie ou de Libye). Or suite au refoulement, les migrants peuvent bénéficier d’un
rapatriement de la part de l’OIM qui les amène à Niamey avant leur départ.
Désagrégation par Sexe :
• Parmi les migrants, 30% étaient des femmes et 70% des hommes.
• Parmi les femmes, les Nigérianes représentent : 40% du total des femmes migrantes sont de cette
nationalité (les autres nationalités se répartissent assez équitablement entre 15 et 5% du total). Au
moment de la rédaction du rapport avec les données recueillies sur le terrain il n’était pas possible de
tirer une hypothèse définitive sur la raison de cette présence importante de femmes nigérianes.
Les vulnérabilités :
• Une part non négligeable des migrants, 37%, étaient dans une situation de vulnérabilité au moment
de l’enquête. L’élément déterminant étant le sexe : en effet seul 20% des hommes étaient vulnérables,
en revanche 78% des femmes l’étaient. Entre autres, il y a le fait d’être isolées (64) la maladie (4),
mineurs non accompagnés (14) etc.
Les motifs de départ, destinations et durée de trajet :
A ce niveau, il faut noter que le motif de départ les plus cités sont le chômage (284) l’insécurité liée aux conflits armés (24) et l’aventure (20), entre autres.
Pour les destinations des migrants on a l’Algérie qui vient en premier avec 74 personnes, Agadez avec 57
personnes et l’Italie 56 personnes.
Le trajet jusqu’au Niger est très majoritairement un trajet de moins d’un mois. Les enquêteurs font remonter
le fait que les migrants se déplacent très majoritairement en bus, avec des trajets directs durant quelques jours seulement.
Il faut noter que l’immense majorité des migrants sont en situation irrégulière au Niger. Cette situation
irrégulière est due principalement au fait que les migrants ne possèdent pas de documents de voyage.
Les violations subies :
Une importante majorité des migrants, 58%, ont déclaré avoir subi au moins une violation au cours de leur
parcours. Les violations dont témoignent les migrants sont majoritairement les cas de racket (argent demandé pour continuer la route) et de discrimination.
|